Etude Biblique
1 Corinthiens 11, 17 – 34
Par Marcel MBENGA, Pasteur.
Introduction
Bonjour,
je vous propose une étude biblique sur un texte de l’apôtre Paul, qui se trouve dans sa
première Epitre aux corinthiens, 11, 17 – 34. Je vous propose de le réétudier pendant cette semaine sainte. Car, il fait partie des textes bibliques qui ont nourri nos liturgies et notamment la liturgie de la sainte-cène (appellation protestante) ou de l’eucharistie comme le nomment nos frères et sœurs catholiques. C’est un texte assez difficile, il faut bien le remarquer d’emblée. il énonce certaines injonctions à propos de ce repas du Seigneur contre la communauté de Corinthe et les divisions qui y règnent. Tout l’enjeu d’une étude comme celle-ci vise entre autre me semble-t-il à comprendre ce que l’apôtre a voulu dire aux Corinthiens en leur écrivant ces mots et puis comment est-ce que nous aujourd’hui nous pourrions les comprendre.
Nous allons lire par petit bout.
Corinthe et la communauté chrétienne de Corinthe
Je peux vous dire peut-être un mot sur l’Epitre aux Corinthiens. L’Epitre aux Corinthiens a été rédigé à peu près 25 ans après la mort de Jésus. Et entre 18 et 20 ans après la conversion de l’apôtre Paul. Et 5 ou 6 ans après la fondation de l’Eglise de Corinthe.
Je rappelle que l’apôtre Paul est venu à la foi en Jésus quelques années après la mort de Jésus. Jusque-là il combattaient plutôt les chrétiens et portait le nom de Saul. Et sur le chemin de Damas, il a fait cette rencontre bouleversante avec le Christ ressuscité. Une histoire qu’il raconte lui-même et qui va tout changer dans sa vie. Il se nommera désormais Paul et deviendra un fervent propagateur de la foi chrétienne. Il implantera bon nombre de communautés dans des territoires jusque-là très païens. Et il va s’atteler à les accompagner en pasteur et aussi en théologien.
Vous le voyez, Corinthe est une ville portuaire de culture grecque. Beaucoup d’intellectuels aussi. Les cultes païens sont assez développés. La petite communauté chrétienne de Corinthe doit donc se développer dans un milieu culturel et religieux presque totalement païen. Et le rôle de l’apôtre et il est surtout attendu là-dessus est d’accompagner cette Eglise pour qu’elle tienne et qu’elle grandisse dans un tel milieu. Et la communauté elle-même est assez fragile et fragilisée par tout ce contexte. Elle écrit constamment à l’apôtre Paul pour lui exposer les difficultés rencontrées.
La lettre de Paul vise alors ici à répondre aux questions qui lui sont posées et aussi apporter
un enseignement plus général sur les questions théologiques et enfin édifier cette communauté
qui en a bien besoin.
Contexte
Si vous lisez l’Epitre depuis le début, vous verrez ce que je viens d’indiquer. L’apôtre traite des questions qui se posaient dans la communauté.
Par exemple le chapitre 7 traite de la question du mariage
Les chapitre 8 à 10 traitent des viandes sacrifiées aux idoles. L’apôtre appelaient ces viandes des idolothytes.
Et puis les chapitres 11 à 14 traitent quant à eux les divers aspects de célébration du culte : Voile des femmes, agape, repas du Seigneur, etc. Notre péricope se situe donc dans cette séquence.
La péricope est un extrait du livre ou du chapitre qui montre une unité et qui fait sens. La péricope est donc notre les versets 17 à 34 du chapitre 11 de la première Epitre de Paul aux Corinthiens. Je le dis parce que je reprendrai souvent ce terme de péricope.
Découpage
A. Les verset 17 – 19 en guise d’introduction sont donc un rappel de la situation de division déjà énoncée dans les chapitres précédents.
B. Puis les 20 – 34 traite du sujet du repas du Seigneur proprement dit. Sujet principal dans cette péricope.
Et puis cette deuxième partie B peut aussi à nouveau être subdivisée en 4 sous parties
B1 : Les agapes ( 20 – 22)
B2 : Institution de la Cène et ses modalités (23 – 26)
B3 : Responsabilité du chrétien (27 – 30)
B4 : Conseil pratique (31 – 34)
La partie A
17 Si je ne vous félicite pas en formulant cette injonction, c’est que vous vous réunissez, non pas pour le meilleur, mais pour le pire. 18 D’abord, j’apprends que lorsque vous vous réunissez en Eglise, il y a parmi vous des divisions — et je le crois en partie. 19 Il faut bien qu’il y ait aussi des dissensions entre vous, pour que ceux d’entre vous qui résistent à l’épreuve puissent se manifester.
Cette partie serait intéressante à étudier en longueur car elle récapitule la grosse problématique de la communauté. Et l’apôtre semble trouver même quelques enseignements intéressants dans de telles situations. Les conflits, pour l’apôtre, ne sont donc pas uniquement néfastes pour une communauté quand ils permettent à la communauté d’avancer, de prendre soin des uns des autres et de révéler aussi des vocations.
Je ne vais trop m’attarder sur cette partie. A reprendre avec le thème de la division.
La Partie B : Le repas du Seigneur
Le repas dont il est question ici est situé : La veille de la mise à mort de Jésus. Nous disons aujourd’hui, le Jeudi Saint.
« Le Seigneur Jésus, dans la nuit où il allait être livré », nous dit le texte.
Le pain est donné comme corps du Christ et la coupe est donnée comme alliance nouvelle en son sang. Vous le savez très bien, ce repas a donné lieu à diverses compréhensions ainsi sa réception est aussi différente entre les multiples sensibilités au sein du christianisme. Cette étude biblique est beaucoup trop courte pour aborder un tel sujet. Vous m’excuserez de ne pas traiter ce sujet au risque d’être beaucoup trop superficiel et donc caricatural. Nous n’avons pas besoin de cela. Néanmoins, je pourrais le reprendre une autre fois.
Toujours est-il qu’il est question ici d’un sujet qui touche à la mort. A la mort à venir. La mort de Jésus. La mort toute proche. La mort de Jésus est devenue inéluctable. Rien de joyeux. On peut remarquer une ambiance pleine de gravité. Jésus choisi le cadre d’un repas de fête, le repas de commémoration de la sortie d’Egypte, de la fin de l’esclavage qui a duré 400ans, du salut de tout un peuple, c’est au cours de ce repas que Jésus choisi de rassembler ses propres amis et instituer ainsi un repas, autre, en mémoire de lui.
L’apôtre rappelle ici les faits pour lesquels il n’était pas lui-même présent. Mais, il veut tout renvoyer à ce que le Seigneur Jésus lui a révélé directement et donc à posteriori. V. 23 « j’ai reçu du Seigneur » dit-il. Et au V. 26 « Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, c’est la mort du Seigneur que vous annoncez, jusqu’à ce qu’il vienne »
L’apôtre implique les chrétiens de tous les temps à ce repas. Il s’agit de dépasser ceux qui ont partager ce repas autour de Jésus pour intégrer toute la suite des disciples de Jésus de tous les temps et de tous les lieux.
On peut prendre quelques temps pour traiter les parties B1 : les agapes objets des blâmes et des reproches de l’apôtre et B3 : les blâmes qui appellent la responsabilité du chrétien.
B1 : Le détournement des agapes.
20 Donc, lorsque vous vous réunissez, ce n'est pas pour prendre part au dîner du Seigneur ; 21car au moment de manger, chacun se hâte de prendre son propre dîner, de sorte que l'un a faim tandis que l'autre est ivre. 22 N'avez-vous pas des maisons pour manger et boire ? Ou bien méprisez-vous l'Eglise de Dieu en faisant honte à ceux qui n'ont rien ? Que dois-je vous dire ? Dois-je vous féliciter ? Sur ce point, je ne vous félicite pas.
Lorsque bous vous réunissez :
Ici quelque chose de grave se joue et se noue. La scène décrite ici se déroule en assemblée d’Eglise. « dans le même lieu » La réunion est faite ici pour célébrer la cène. Et la cène devait être précédé d’un repas tiré des sacs et normalement mis en commun.
Le texte précise que c’était le soir, avec le terme de diner ou souper. Et après ce repas qui porte le nom d’agapes (repas d’amour), la cène venait clôturer l’assemblée.
Paul pointe l’égoïsme et la vanité des convives qui au lieu de mettre en commun ce qu’ils ont apporté, ils transformaient la rencontre en repas de petit clubs d’amis comme cela se fait dans les assemblées qui les environnent, les assemblées des grecs par exemple agissaient ainsi. Et les excès était au rendez-vous et d’autres dans la même assemblée manquaient terriblement du peu. S’en résultaient donc les inégalités choquantes entre les convives. Et du coup, le nom agape, ne remplissait vraiment plus ce qu’il disait - amour.
Et c’est au regard de cette pratique que l’apôtre se voit obligé de dire que dans ces conditions, ce n’est plus le repas du Seigneur qui est ici célébré. C’est bien un repas qui est partagé mais pas celui du Seigneur.
Il ne faut pas entendre les propos de l’apôtre dans le sens où il dirait qu’il n’est plus
moralement possible de communier. Mais ce qui est en cause, c’est le repas lui-même.
« chacun se hâte de prendre son propre dîner » le verbe grec qui est traduit ici par prendre est (prolambanein), le préfixe pro qui signifie « avant » et la radicale « lambanein» (prendre), on traduirait alors par prendre par avance. Pour l’apôtre prendre par avance ce qui est propre à soi., c’est le détourner. Les repas apportés sont confisqués avant qu’ils n’aient fait l’objet d’une mise en commun pour une distribution générale.
Pour Paul deux choses : soit on apporte le repas en assemblée et c’est pour tous, soit on le garde pour soi et on le mange chez soi, dans sa maison (V.22). Pour ne pas venir en mettre plein les yeux aux autres et du coup les mépriser.
La partie B2.
Nous pourrons venir sur cette sous-partie qui traite de l’institution de la sainte-cène à un autre moment. Pour l’heure passons au B3.
B.3 la partie la plus dure
27 C'est pourquoi celui qui mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. 28 Que chacun s'examine plutôt lui-même, et qu'ainsi il mange du pain et boive de la coupe ; 29car celui qui mange et boit sans discerner le corps mange et boit un jugement contre lui-même. 30 C'est pour cela qu'il y a parmi vous beaucoup de malades et d'infirmes, et qu'un assez grand nombre se sont endormis dans la mort.
Cette partie est très compliquée. Elle est à la limite très blessante. On comprend bien ce que le texte dit. Mais, d’emblée, il me semble que pour lire une telle séquence, il faut absolument partir d’un présupposé.
L’apôtre Paul est celui qui a, peut-être le mieux incarné, la dimension de la grâce contenu et véhiculée par l’Evangile. Pour lui l’Evangile est Bonne nouvelle en ce qu’elle nous fait passer du règne de la loi au règne de la grâce. L’Evangile nous fait comprendre plus que jamais l’Amour immense de Dieu pour nous.
En première lecture, on pourrait comprendre que ces versets laisserait entendre que manger le pain et boire la coupe indignement aurait des conséquences néfastes pour le chrétien. Mais, avec le base de la théologie que défend l’apôtre Paul, cela nous oblige à creuser un peu plus ce texte. Cette compréhension ne peut donc pas être, me semble-t-il, la bonne
D’abord ce terme « indigne » est diversement reçu : il y a eu une explication qui penche plus vers une mauvaise conscience, ou encore sans repentance, ou encore en méprisant les pauvres, etc. L’explication qui me convainc le plus est « sans comprendre et comprendre c’est aussi ici deviner ce que ce repas peut représenter, à savoir les souffrances du Christ, pour nous. Et cela implique forcément une attitude qui nous place dans le respect de ce que notre
Seigneur a fait pour nous.
« Que chacun s’examine » textuellement, « Que chacun éprouve » : La sainte cène nous oblige à un travail moral par lequel le chrétien met lui-même son cœur à l’épreuve. Ce qui s’est passé en Jésus, par Jésus, n’est pas rien. Par sa mort, Jésus nous sauve. Si le Salut nous est offert gratuitement, le comprendre nous oblige quelque part. Il me semble que l’objectif de l’apôtre ici est de faire entrevoir le sérieux de la cène. Le chrétien en participant à la cène agit en personne responsable.
Il y a donc une différence entre nos repas chez nous et le repas voulu et institué par le Seigneur.
Que dire donc de cette maladie, de l’infirmité et de la mort ?
La question est difficile. Certains ont opté pour la maladie et la mort spirituelles. C’est une lecture qui me paraît acceptable si seulement ce n’est pas une question d’éternité. Cela indique seulement l’état transitoire dans lequel on peut se retrouver quand nous vivons dans la négligence de l’acte salvifique du Christ pour nous. L’apôtre ne fait alors que faire connaître à la communauté de Corinthe les paralysies de leur vie quand par leurs agissements, ils foulent aux pieds moralement le Crucifié.
On peut aussi retenir que cette maladie, cette infirmité et cette mort, renvoie au monde environnant qui est perdu dans sa méconnaissance de l’acte salvifique du Christ. La communauté qui agirait donc dans l’irrespect de la mort de Jésus agit comme ce monde environnant païen qui d’une certaine manière ne vit pas de l’Evangile de vie.
Voilà deux sens possibles. On pourra les creuser davantage.
Alors la conclusion du texte : Paul répond ici en suggérant une pratique assez claire
33 Ainsi, mes frères, lorsque vous vous réunissez pour le repas, attendez-vous les uns les autres. 34 Si quelqu'un a faim, qu'il mange chez lui, afin que vous ne vous réunissiez pas pour votre propre jugement. Quant aux autres questions, je les réglerai quand je viendrai.
C’est un conseil pratique très intéressant.
« Attendez-vous » ce qui répond à « Prendre par avance » du début, objet du désordre. Le repas en Eglise se mange ensemble. Ainsi, en se souciant chacun de son voisin, ce repas peut alors devenir une véritable agape.
Voilà ce que je peux dire de cette péricope qui traite du repas du Seigneur. Quelques parties n’ont pas été traitées à cause du temps. Mais, nous les reprendrons certainement.
La péricope
17 Si je ne vous félicite pas en formulant cette injonction, c'est que vous vous réunissez, non
pas pour le meilleur, mais pour le pire. 18 D'abord, j'apprends que lorsque vous vous réunissez en Eglise, il y a parmi vous des divisions — et je le crois en partie. 19 Il faut bien qu'il y ait aussi des dissensions entre vous, pour que ceux d'entre vous qui résistent à l'épreuve puissent se manifester.
20 Donc, lorsque vous vous réunissez, ce n'est pas pour prendre part au dîner du Seigneur ; 21 car au moment de manger, chacun se hâte de prendre son propre dîner, de sorte que l'un a faim tandis que l'autre est ivre. 22 N'avez-vous pas des maisons pour manger et boire ? Ou bien méprisez-vous l'Eglise de Dieu en faisant honte à ceux qui n'ont rien ? Que dois-je vous dire ? Dois-je vous féliciter ? Sur ce point, je ne vous félicite pas.
23 Car moi, j'ai reçu du Seigneur ce que je vous ai transmis : le Seigneur Jésus, dans la nuit où il allait être livré, prit du pain ; 24 après avoir rendu grâce, il le rompit et dit : « C'est mon corps, qui est pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. » 25 Il fit de même avec la coupe, après le dîner, en disant : « Cette coupe est l'alliance nouvelle en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi, toutes les fois que vous en boirez. » 26 Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, c'est la mort du Seigneur que vous annoncez, jusqu'à ce qu'il vienne.
27 C'est pourquoi celui qui mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. 28 Que chacun s'examine plutôt lui-même, et qu'ainsi il mange du pain et boive de la coupe ; 29 car celui qui mange et boit sans discerner le corps mange et boit un jugement contre lui-même. 30 C'est pour cela qu'il y a parmi vous beaucoup de malades et d'infirmes, et qu'un assez grand nombre se sont endormis dans la mort.
31 Si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés. 32 Mais par ses jugements le Seigneur nous corrige, afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde. 33 Ainsi, mes frères, lorsque vous vous réunissez pour le repas, attendez-vous les uns les autres. 34 Si quelqu'un a faim, qu'il mange chez lui, afin que vous ne vous réunissiez pas pour votre propre
jugement. Quant aux autres questions, je les réglerai quand je viendrai.